Translate

jeudi 17 novembre 2016

Jappeloup, une vie

Pierre Durand a été si passionnant hier sur Radio Cap Ferret que je n'ai pas eu le temps de lire le texte que j'avais préparé sur Jappeloup. J'ai été la fan absolue du petit cheval noir dans les années 80. Sa fougue, sa tête au carré, son caractère de rebelle, tout en lui me plaisait!
Jappeloup et Pierre Durand
Bien-sûr, Jappeloup reste le cheval de Pierre Durand. Toujours, il incarne le rêve olympique. Mais surtout, il a une histoire, une personnalité, une vie qui montre que le cheval est bien plus qu'un animal. Un compagnon de route, de galère et de gloire. Le prolongement d'un homme.
"Il ne mesurait qu’1m58 mais… c’était un géant ! Le petit cheval noir sautait des obstacles plus hauts que lui ! Pourtant, rien n’aurait laissé présager un destin olympique à ce fils d’une vieille pur-sang des courses efflanquée et d’un trotteur délaissé.
Elevé pour les courses mais trop lent, Jappeloup est envoyé à l’obstacle. Ses débuts sont folkloriques. Jappeloup baisse la tête, porte son poids vers l’avant et dérobe devant l’obstacle au dernier moment. Pierre Durand ne veut même pas le monter et propose à son éleveur de le revoir quand… il aura grandi !

Ce dernier insiste et enfin, Pierre Durand remarque son coup de saut. Jappeloup s’installe dans ses écuries, à Saint-Seurin, en Gironde. « J’ai l’impression qu’il se dégage de ce petit modèle une énergie incroyable : lors de notre balade, j’avais le sentiment d’être assis sur une bombe à retardement… » écrit Pierre Durand dans "Jappeloup" 'éditions Michel Laffon.

Jappeloup est un rebelle, un ado compliqué! Constamment sur le qui-vive, il déteste les caresses, tournicote dans son box, nargue les autres chevaux. Difficile à soigner, il hait la tondeuse, les bandes, les couvertures et toutes les contraintes. Malin, il adore prendre le large et trois verrous sont nécessaires à la porte de son box. A l’obstacle, il est le roi des écarts et des volte-face ! Soit il vole au-dessus des barres, soit il s’arrête. Pierre Durand comprendra plus tard qu’il en a peur. Réalisant son extraordinaire potentiel, il décide de gérer son entraînement méthodiquement. À sept ans, Jappeloup obtient le titre de champion de France et intègre l’équipe de France. Il alterne performances mais aussi, éliminations et désobéissances. Sa tête taillée au carré, son œil déterminé et sa fougue enchantent les foules. Malgré les critiques et les pressions du milieu très fermé de la haute compétition, Pierre Durand continue de le travailler à sa façon.

Jappeloup est sélectionné pour les Jeux Olympiques de Los Angeles de 1984. Mais il pile net, envoyant son cavalier par terre sous l’œil de 25 000 spectateurs et de millions de téléspectateurs. Pierre Durand songe alors à vendre Jappeloup aux américains, prêts à mettre un million de dollars sur la table. Mais le petit cheval est porteur de la piroplasmose, la vente annulée. Pierre Durand s’en félicite.
Traité comme un prince, Jappeloup va au pré tous les jours et a le droit aux techniques de soin les plus modernes : lampes à infrarouge, pédiluve, appareils de massage, couverture chauffante… Ses repas sont allégés, son sang régulièrement analysé. Il est invité sur le plateau d’Yves Mourousi, présentateur du journal télévisé  le plus regardé de France.

Possessif, il aime que Pierre Durand s’occupe exclusivement de lui. Le cavalier comprend l’importance de gagner sa confiance. « Je voulais tout connaître de son fonctionnement, de ses réactions, de ses frayeurs. Entrer dans sa tête. Être son camarade de jeu, me raconte-t-il sur le tournage du filmJe passais des heures à le caresser sous la crinière. Progressivement, on est entré dans une relation charnelle et affective. »
1988 : Jappeloup est devenu félin. Il ne saute pas, il bondit ! Et il se plaît à Séoul. Il ne boit que de l’eau minérale naturelle apportée par avion, prend ses aises dans son box bien paillé et répète ses fondamentaux avec bonne humeur. Pierre Durand veut l’or et le petit cheval le sait. Saut après saut, il va tout donner ! C’est l’olympe ! Pierre Durand passe la médaille d’or à l’encolure de celui qui est son prolongement, sa main droite. « Nous étions parvenus à un degré d’osmose, de fusion et de complicité qui était hallucinant »"

A suivre! Un prochain post résumera l'interview de Pierre Durand

1 commentaire :

  1. Un texte magnifique, complément idéal de l'interview. Merci Antoinette !

    RépondreSupprimer