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mercredi 19 octobre 2016

Radio Cap Ferret 97.9: La belle histoire du cheval et du cavalier borgnes

Tous les mercredis, à 17 h sur Radio Cap Ferret 97.9  je raconte une histoire. Voilà celle de la semaine dernière. Vous pouvez aussi écouter l'émission Monchevalmedit via le site de la radio sur Internet. C'est aujourd'hui de 17 à 18 h! 

Ouragan, plus connu sous le nom de Kiki n’a qu’un seul oeil. Pourtant, il gagne en concours de sauts d’obstacles. Le plus incroyable, c’est que son cavalier est borgne, lui aussi. Et du même œil ! Le gauche. 

       À dix ans, Kiki, de son vrai nom Ouragan de Bellière enchaîne les Grands Prix amateur 2 (hauteur : 1,10m) et … il gagne très souvent.« On est pareil, l’un et l’autre, dit Olivier. Rien ne nous arrête ! On veut gagner ».
       Olivier et Ouragan prennent toutes les options et ne reculent devant aucun risque pour tourner court et gagner du temps. Les tournants à gauche sont les plus périlleux. À l’abord de l’obstacle, Olivier plie la tête de son cheval pour qu’il puisse le voir. Leur style n’est pas académique, mais diablement efficace ! 

Leur préparation est tout aussi atypique. La plupart du temps, Kiki est au pré ou dans le jardin de la maison. « C’est le petit privilégié, explique Olivier. Ma femme ne veut pas que les chevaux aillent dans le jardin. Mais lui, ce n’est pas un cheval ! C’est Kiki ! »
      
Quelques balades et séances de travail avec la fille de la maison, Charlène, 13 ans, suffisent à l’entraîner. « Il a le moral ! Il fait son boulot de bon cœur car je ne lui tire pas dessus ». Juste avant un concours, Ouragan a le droit à une séance de « décontraction des maxillaires », entendez, il va brouter de l’herbe. »
       Son seul souci, c’est le paddock de détente, il se retrouve avec une dizaine de chevaux survoltés qui sautent, le croisent, le frôlent  et souvent le surprennent. Il lui arrive de faire des écarts, voire des demi-tours. Olivier ne lui en veut pas. Il se contente de le réconforter en riant de ses montées de panique. « Tu as eu peur mon Kiki. Mais ce n’est rien ! Juste un grand  gris qui vient de te foncer dessus. On l’a évité au dernier moment. Heureusement que je l’avais vu. Allez, tu peux me faire confiance ! Je veille ! »
       Sur la piste, ils sont les rois. Une fois la cloche sonnée, rien ne peut plus les arrêter. Le petit alezan enroule les obstacles avec une facilité déconcertante. De retour au van, Kiki se laisse « déshabiller », doucher et chouchouter sans qu’il soit besoin de le tenir. La longe est  juste posée sur son encolure. Une fois ses protections de transport enfilées, il monte dans le van tout seul. Il sait que son filet à foin l’y attend.
       Les débuts n’ont pas été si faciles. Olivier s’est beaucoup retrouvé par terre. « C’est mon premier cheval. J’avais arrêté de monter pendant des années. Je l’ai acheté 80 euros, sans le voir, pour lui éviter de partir à la boucherie. Il était petit et borgne, invendable donc. Il a été accidenté à l’âge de sept mois. L’éleveur voulait rentrer tous les poulains pour l’hiver, ils se sont bousculés, il a eu peur et s’est empalé sur une porte.  Moi, j’ai eu mon accident à sept ans. Je tirais à la carabine dans une fête foraine. Le plomb a ricoché et a atteint ma rétine ».
       Leurs destins parallèles les ont rassemblés.  Souffrant du même handicap, Olivier anticipe les réactions de son cheval, mais n’en fait pas toute une histoire. Pour le rendre invulnérable, il l’emmène partout. S’il accepte ses peurs, c’est pour mieux en rire ! « On met trop les chevaux dans le coton. On fait trop attention !  Ce qui les rend très dépendants de nous. Kiki, je le laisse vivre. Je veux qu’il prenne des initiatives, qu’il tente des expériences. Oui, il peut le faire ! Je crois en lui comme je crois en moi.



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