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jeudi 10 décembre 2015

Zingaro: Bartabas danse avec les anges


Effrayante, la danse des anges exterminateurs en burka bleue
Décalée et burlesque, la partie de jambes en l'air
Étonnant Bartabas! Toujours en avance sur son temps, jusqu'au titre prémonitoire de son dernier opus (le treizième) "On achève bien les anges- Élégies" (chants de mort).  Lui qui a perdu son ami Cabu lors de l'attentat de Charlie Hebdo n'en finit pas de flirter avec la mort et de s'interroger sur les religions.  Les seules paroles prononcées pendant le spectacle donnent le ton : "Hallal, casher, bio et Dieu sait quoi". Elles sont prononcées par un confiseur en charcuteries, sorte de boucher fellinien qui accompagne la ronde des musiciens clowns. Jolie équipée qui ponctue en fanfare et avec gaieté les tableaux qui s'enchaînent, funestes et angéliques avec un esthétisme parfait. A pied ou à cheval, Bartabas danse sur la voix rocailleuse et éraillée de Tom Waits, le bluesman américain dont l'univers poétique et désabusé fait corps avec celui de Zingaro. Il apparaît en ange aux ailes cassées condamné à la pendaison,  en ivrogne à cheval ou encore,  en aveugle guidé par son cheval au milieu de tombes à l'effigie des religions, surplombées d'oiseaux de mauvaise augure. Une scène magnifique et le plus beau moment équestre à mon goût avec Zurbaran aux longues rênes.
Bartabas surprend, bouleverse, il fait rire aussi, ironise sur lui-même, incite à réfléchir mais jamais ne cède à la facilité. Son spectacle ne s'adresse ni aux jeunes enfants (deux heures sans entracte) ni aux cavaliers juste en quête de démonstrations techniques. Son public est universel car il touche autant notre partie sombre que notre partie blanche. Il évoque notre peur de la mort, la nostalgie de nos disparus, le poids des religions et aussi, peut-être, la terrible désinvolture avec laquelle nous traitons les animaux.  Du rythme, de l'humour, beaucoup d'émotion... du grand art!


Les clowns accompagnent le spectateur avant même de pénétrer dans le théâtre

Lien pour aller sur le site de Zingaro

2 commentaires :

  1. Le contraste entre les tableaux des chevaux et des anges dans une atmosphère feutrée et les clowns colorés en pleine lumière en alternance rehausse la force du spectacle. Pedro

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  2. Bel article. Notre famille a adoré... y compris les jeunes enfants (4 et 7 ans) ;)

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