Tous les jours, ma jument
Mistria se tourne vers moi et me regarde intensément. Je me demande à quoi elle pense. Qu’est-ce qu’elle
veut me dire ! Car elle sait tout, Mistria. Elle a tout le temps de
m’observer, de me connaître, de deviner mes intentions.
À force de vivre à ses côtés,
j’ai appris à affiner mon oreille. Mes rencontres avec d’autres passionnés ont
développé mon écoute. Bartabas qui travaille sur le souffle dans un silence
quasi religieux. Mario Luraschi qui enjôle ses chevaux en plusieurs
langues. Lorenzo qui s’entraîne la
nuit pour mieux se connecter à ses chevaux…
Après
l’ « Equitation sentimentale », livre dans lequel je racontais
mes premières expériences avec les chevaux, je cherche à décrypter ce que les
chevaux nous disent sur eux-mêmes et sur nous, humains. Car les chevaux ont le
sens de l’humour, le goût de la liberté, le don de la communication et une
sensibilité extrêmement développée…
Ecouter les chevaux, c’est mieux
se connaître. Mieux se situer dans la nature. Et mieux les respecter.
Quelques
passages suggestifs
Chapitre 2.
Dans mes yeux, tu lis quoi ?
Premier rendez-vous avec ma
jument
Chaque matin, ma jument Mistria tourne la tête vers moi et
me regarde longuement, avec une intensité spéciale. C’est un regard plein de
mystère et de promesse. À chaque fois, je m’interroge. Que veut-elle
dire ? Est-elle en train de me sonder ? Veut-elle juste savoir si
l’on va travailler sur le plat, partir en balade ou aller sauter ?
A-t-elle besoin de quelque chose ? Je reste perplexe, mais j’aime ce
regard énigmatique qui me fait exister. Oui, pour Mistria, le matin, que je
sois tranquille ou pressée, heureuse ou soucieuse, j’existe ! Les hommes de chevaux regardent toujours l’œil
d’un cheval avant de l’acheter. Il faut qu’il ait « bon oeil », entendre
gentil, confiant, intelligent, curieux. Si en plus, il accepte l’échange et
reste connecté à l’humain...
Cet œil, Mistria ne
me l’a pas tout de suite offert. Il a fallu du temps pour qu’elle se donne. Du
temps pour qu’elle s’abandonne. À moi aussi, il a fallu le temps d’un
cheminement. Tous les chevaux qui ont croisé ma route m’ont fait évoluer.
Chapitre 13. J’ai une bonne oreille
Mario Luraschi dévoile son
secret
- Bueno caballo, allez mi amor, allez en place !
Mario Luraschi ne parle pas aux chevaux. Il les enjôle dans
un mélange de français, d’italien et d’espagnol. Qu’ils soient hongres ou
entiers, il les appelle « mujeres » (femmes en espagnol) ou bien du
surnom qu’il donne à ses enfants « mes clowns ». Pour les arrêter,
les calmer ou les cadencer, il possède tout un registre de sifflements
mélodieux. D’ailleurs, tous ses chevaux sans exception s’arrêtent au
sifflement. Une sécurité qui préserve leur bouche.
Chapitre 15. Vive la liberté!
Au paradis des chevaux chez Pascale Meyer
Chapitre 16.
Je m’adapte aux cavaliers de tous âges
Au paradis des chevaux chez Pascale Meyer
Pascale
rit de leurs bêtises et s’amuse à voir son écurie bien rangée se transformer en
champ de bataille. C’est qu’elle vit cheval, parle cheval, pense cheval !
Elle se met dans leur corps, leur cœur, leur âme. Quand elle voit une belle
flaque de boue, elle jubile, sûre du bonheur que vont trouver les chevaux à s’y rouler. Quand, au
printemps l’herbe pousse, elle est heureuse. Pour un peu, elle en
mangerait ! Et quand ils font une bêtise, elle y voit la preuve de leur
intelligence. Son emploi du temps est réglé par ses protégés. Les entiers sont
les seuls à ne pas avoir le droit de déambuler comme bon leur semble mais ils
vont au pré et sont rentrés quand ils le
demandent. Tout dépend de la météo ! Ils aiment rester longtemps dehors
sous une pluie fine mais pas avec une pluie forte ou par grosse chaleur. Pour
Pascale, cette liberté éveille les chevaux. Elle les rend plus malins, ouverts,
réactifs. Et tant pis si le foin est défait ou la poubelle d’eau
renversée ! Chez Pascale, les chevaux, les chiens, les chats et le mouton
sont heureux. Et ils vivent en parfaite harmonie avec leurs amis humains.
Françoise, une cavalière de
92 ans
Ta-ga-da, ta-ga-da, ta-ga-da. Françoise, quatre vingt
douze ans, « cire » sa selle avec ses fesses.
Le nez au vent, elle jouit de chaque foulée de galop, s’enivre de chaque
rebond. Non, elle n’a nullement l’intention d’obéir à Claude qui rouspète au
milieu de la carrière :
- Au trot, Françoise. C’est assez ! Au trot, maintenant !
Françoise fait la sourde
oreille, mais sa jument Déesse obéit instantanément à la monitrice. Mi
fâchée-mi amusée, Claude suit le couple des yeux.
- Vous en faites trop Françoise ! Il faut la laisser souffler !
Françoise sourit. Elle sait que Claude ne s’inquiète pas
pour Déesse. Bien qu’elle ait dix-neuf ans, la solide trotteuse est en pleine
forme. Elle a encore du gaz et elle est parfois difficile à tenir, sauf
lorsqu’elle est montée par Françoise. La jument fait alors très attention à se
rendre confortable. Pas d’écart, jamais un coup de cul. Parfois, avec d’autres
cavaliers, Déesse s’amuse un peu. Elle pousse et elle tire ! Avec Françoise,
c’est différent.
Chapitre 17.
Aux humains, je donne des cours !
Le travail en liberté avec
Clémence Faivre
Spécialiste du travail en liberté à pied ou monté (sans
bride), Clémence Faivre charme ses chevaux comme son public. Brune aux yeux
noirs, elle fixe ses interlocuteurs avec une intensité très spéciale car, à
force d’observer ses chevaux, elle a appris à analyser les humains.
- Je commence par regarder les yeux des gens. Puis je détaille leur
manière de se déplacer, de se tenir. En général, ma première impression est la
bonne. Les chevaux m’ont vraiment appris à observer.
Ils lui ont appris tant de choses à Clémence, les chevaux !
- Bien plus que moi je leur ai appris, dit-elle sans la moindre fausse
modestie.
Chapitre 27. Je suis le ciment du couple
La vie de couple de Brigitte
Lahaie
- C’est le bonheur ! On
est si bien avec les chevaux et les chiens. On n’a aucune envie de sortir.
Partager cette passion nous rapproche et nous motive. Je me suis même mis à
monter à cheval. Pourtant, quand j’ai rencontré Brigitte, il y a douze ans, je
ne pouvais pas imaginer devenir un jour cavalier. Issu d’un milieu modeste, je
pensais que l’équitation n’était pas pour moi. J’avais peur de ces animaux
impressionnants et imprévisibles. Petit à petit, je me suis mis à aider
Brigitte pour panser les chevaux ou les mener au pré. Je la voyais si heureuse
quand elle était en selle. Après une séance, elle rayonnait. Pourquoi ne pas
essayer ? Un jour, en catimini, je me suis appuyé sur son cheval, d’abord
un tout petit peu. Puis, j’ai pesé de tout mon poids. J’ai même décollé mes
pieds de quelques centimètres du sol. Et j’ai ressenti le réconfort de cette
masse chaude et accueillante. J’ai eu le déclic. À quarante neuf ans, j’allais monter à cheval.
Coucou Antoinette ! J'ai noté une faute d'orthographe (Cf. Chaoitre 15. Vive la liberté !). En même temps, c'est peut-être pas une erreur (Vive la liberté... de faire des fautes d'orthographe !). Ouais !
RépondreSupprimerAh, ah! Merci. Je corrige en toute liberté
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