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jeudi 11 novembre 2021

Chic, Bartabas revient avec le "Cabaret de l'exil"

 



Bartabas et son corbeau, un oiseau qui l'inspire... Photo Alfons ALT

Trente sept ans après son premier et impertinent cabaret, Bartabas revient avec le "Cabaret de l'exil", un spectacle festif, fraternel et nostalgique aux couleurs de Chagall, porté par la musique Klezmer des communautés juives d'Europe de l'est et les mots d'Isaac Bashevis Singer. 

La magie fonctionne dès l'entrée sur la planète Zingaro et l'accueil par des garçons de salle hallucinés aux rouflaquettes épaisses qui parlent un drôle d'anglais et nous emmènent prendre place en baissant la tête pour passer sous la porte d'un box. Les garçons n'ont pas changé depuis le premier cabaret. "Place aux vieux!" proclame l'affiche du spectacle. On se régale déjà en découvrant les verres sur les tables qui entourent la piste, les oies, la forge et cette odeur de corne brûlée et de clou de girofle. Et voilà le corbillard alambic qui vient servir le vin chaud. Les tableaux (Bartabas dit "visions") se succèdent pour célébrer la culture yiddish, évoquer l'exil, le déracinement, la fin d'une langue. Chaque vision est un tableau onirique et poétique, mis en scène avec un soin minutieux. 

Une suite de tableaux poétiques. Photo Alfons ALT


Jésus a les seins nus et promène sa croix à cheval. Une mariée cachée sous un dais est emmenée par un cheval de trait. Sous un masque de corbeau, Bartabas monté sur son immense Tsar (1,95 m au garrot) est plus intense que jamais. Et voilà un patriarche ventru et sa toque de fourrure qui dialogue avec son pur-sang arabe en liberté. Un petit âne blanc et sa mule, les cloches, l'orgue, une voltigeuse sublime... Rien n'est trop beau pour renaitre et pour célébrer la vie, la mort, la musique, les mots... Chaque tableau donne du rêve mais aussi des clés. "Que reste-il de notre culture disparue? dit Bartabas. Cela amène à réfléchir sur la fin d'un monde mais aussi sa renaissance". 

Du mystère... Photo Alfons ALT


Bartabas le furieux est devenu profond et facétieux. Un régal! A la sortie du spectacle, un grand feu prolonge l'enchantement. En raison de son succès, le spectacle se jouera jusqu'à fin mars. 

www.zingaro.fr

Et bientôt ma longue interview de Bartabas dans Cheval Magazine. 

Au village de Bartabas, Fort d'Aubervilliers