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L'aventure de partir en balade ! |
Pas évident de partir en balade avec Diana sans un autre cheval pour m'accompagner. Mettez vous à la place de ma jument. Sociable par nature, elle vit aux écuries et au pré avec sa copine Papete. Elle accepte volontiers de faire le tour des paddocks mais, de là à s'aventurer loin seule. Il a fallu qu'elle me fasse confiance. Qu'elle s'en remette à moi pour toute rencontre fortuite. Du vélo que l'on n'a pas vu débouler à l'oiseau qui s'envole dans les arbres en passant par la moto sur la route, l'âne dans son pré (ouh les ânes cela fait très peur!), une traque de chasseurs qui se rapproche désespérément et, plus dur encore, la rencontre d'un autre cheval qui rentre à l'écurie, lui.
Une seule posture : rester zen en toutes circonstances, sûre de moi et sans faille. Essayer de créer une petite bulle autour d'elle et moi, une bulle de confort, de plaisir, de bien-être. La bulle se balade avec nous dedans, vous me suivez! Rien ne peut nous atteindre puisqu'on est ensemble. En cas de stress, je mollis dans les mains, je souris et il m'arrive de chanter ou de gazouiller. Décontraction assurée. Je masse également le garrot. C'est dix fois plus efficace qu'une caresse, dix mille fois plus qu'une tape. Et surtout, je ne regarde pas l'objet inquiétant. Je regarde là où je veux aller.
Je ne prends plus de cravache. Elle ne m'a jamais servie à part à la bloquer, voire la faire reculer. En cas de crainte, Diana se fige, l'encolure tendue, les oreilles dressées. Inutile de mettre des jambes à ce moment précis. Je deviens très molle au contraire, le temps qu'elle comprenne de quoi il s'agit. Les chevaux n'ont pas la même vision que nous. Ils voient les mouvements de loin mais ont besoin d'un temps d'arrêt pour faire le point et identifier la chose en question (un vélo, un coureur, un chevreuil...). Cette seconde passée, je peux mettre un peu de jambes ou d'encouragement à la voix. Plus j'expérimente cette stratégie, plus je la trouve gagnante.
Je monte avec un léger contact, les rênes à peine tenues. Beaucoup de voix, les jambes pour l'encadrer et un dos dynamique. Je ne galope et ne trotte qu'en suspension. C'est mieux pour son dos et le mien. Au pas, je les rênes s'allongent jusqu'à la couture.
Je ne galope pas toujours au même endroit. Au moins, je change l'endroit de départ et de ralentissement. J'ai appris à trouver le bon timing. Si je lui demande quelque chose, je lui laisse le temps de répondre. Je ne l'embrouille pas en redemandant tout de suite plus fort ou autrement. Petit à petit, ses réponses sont de plus en plus rapides parce qu'elle a compris.
Elle n'a pas le droit de manger en cours de route en m'arrachant les rênes. Même si les branches bien vertes du printemps sont tellement alléchantes. Je décide de faire une pause, je lui dis "Tiens" et là elle peut plonger la tête dans l'herbe. Sinon, c'est infernal. Les chevaux ne pensent plus qu'à cela.
En cas de rencontre avec un cheval qui va dans le sens opposé, cela se corse! Diana se lève, se cabre, peut faire des sauts de mouton et ferait n'importe quoi pour le rejoindre au galop. Là, je reste calme, je pense à devenir une pierre, je la gronde à la voix et je lui lève la tête pour éviter qu'elle ne me débarque. Jusque là, ça marche! C'est même dingue l'effet de mon éclat de voix sur elle. Il faut dire que je ne râle jamais. L'effet de surprise peut-être.
Le chemin du retour est toujours un peu plus tendu. Diana veut rentrer! Elle a faim, envie de retrouver son groupe de copains. La solution miracle : grand trot et transitions très rapprochées au petit trot. Cela l'occupe et la maintient à son travail qui est de me ramener saine et sauve.
On se connait par coeur maintenant. Je reste vigilante mais je profite. Vaillante, en avant, Diana n'a peur d rien et prend du plaisir à l'effort.
Dès que l'on sort de l'écurie, elle me montre le chemin des bois. Elle me chuchote : "La carrière si tu veux mais pourquoi pas la forêt? Oui, la forêt, encore!"
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