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Approcher les chevaux avec de la joie, cela change tout! |
Trop de chevaux sont tristes, passifs, résignés, voire dépressifs. On les reconnaît à leur manque d’entrain, leur œil éteint, la façon qu’ils ont de se tenir à l’écart, l’encolure basse malgré des yeux grands ouverts. Parfois, ils font des mouvements répétitifs agitant la tête ou se « balançant » à longueur de temps. A contrario, lorsqu’ils sont joyeux, ils ont l’encolure haute et l’œil vif. Ils sont curieux et ils participent. « Certains peuvent même faire des blagues, poursuit Galienne. C’est bon signe ! Quand un cheval me pique la brosse ou défait son nœud, j’adore ! » Et de se référer aux moines bouddhistes qui cultivent la joie comme un bien précieux. « Voir le monde par le prisme de la joie nous fait réfléchir autrement, poursuit l’écuyère. On apprécie chaque instant. On prend ce qui vient. On est léger. On aime nos chevaux et ils nous le rendent. A quoi bon s’obstiner sur une équitation parfaite qui n’existe pas et qui ennuie tout le monde ! »
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Au théâtre du Cheval Bavard, les chevaux sont au spectacle! |
Vive les chemins de traverse !
Montrer aux chevaux notre joie d’être avec eux permet de désamorcer de nombreux problèmes. « On ne se met pas contre eux. On cherche des solutions. On n’hésite pas à changer de moyens. Plutôt que de s’obstiner ou de vouloir à tout prix imposer au cheval sa façon de faire, « une » équitation, on s’adapte. On l’amène au but recherché par des chemins de traverse ». Galienne ponctue sa phrase par un bel éclat de rire. « C’est bon de rire. Si je ne ris pas, j’ai raté ma journée ! » De nature extravertie, Galienne n’hésite pas à utiliser le rire dans ses leçons. « J’en rajoute ! Je fais des bruits de bouche. Plus je rigole et plus le cheval sort de son marasme. Son œil s’éclaire, son tonus revient. Le rire a un effet magique ! C’est un outil très performant !»
Le rire permet parfois de calmer une peur. En balade, votre cheval s’arrête net devant un « terrible » tronc d’arbre ou un affreux sac en plastique. Le simple fait d’éclater de rire va le faire repartir. Sans doute se dit-il que ce tronc n’est pas dangereux puisque vous riez. De même, aborder un cheval avec le sourire, le met dans de bonnes dispositions.
« Notre problème en équitation, c’est de se faire comprendre des chevaux, poursuit Galienne Tonka. Si on se fait comprendre joyeusement, c’est plus léger pour le cheval. Et pour nous ! "
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Le jeu, c'est la vie! |
Trop de chevaux subissent alors qu’ils devraient comprendre et participer ». En saut d’obstacles, la participation du cheval est déterminante. Bien-sûr, il ne sait pas vers quel obstacle il va se diriger. Il ignore combien de foulées il doit faire dans la ligne. Mais il voit très bien où prendre son appel. Il ne s’agit de le laisser faire ou de l’abandonner mais de le mettre dans les conditions où il peut se prendre au jeu et avoir du plaisir à ne pas toucher les barres. Il a les oreilles en avant et se tient prêt à toutes les éventualités. Il sait très bien si vous jouez ou non le chrono.
En spectacle, même topo. Certains chevaux affectent un air triste parce qu’ils n’ont aucune part d’initiative. Mécanisés, ils ne peuvent plus nous offrir cette précieuse émotion qui fait le spectacle. A contrario, les chevaux qui ont le droit de proposer, voire d’improviser sont plus allants, plus expressifs et offrent au public bien plus de plaisir que le cheval parfaitement dressé mais qui déroule son tour de façon machinal.
« Quand on regarde des poulains dans des prés, ce sont des petits clowns, dit Galienne Tonka. Ils s’amusent, jouent, se poursuivent gaiement, ils sont beaux, si parfaits dans le geste. Le cavalier qui achète un poulain. Il s’achète du rêve. Mais parfois, il en attend trop, veut aller trop vite et va de déception en déception. Cela crée chez lui une énorme frustration chez le cavalier et chez son cheval une grande tristesse. Il doit faire avec un cavalier qui n’est jamais satisfait, jamais dans la légèreté ».Pour éviter cette déception mutuelle, l’éducation d’un cheval doit se faire patiemment, en demandant des choses simples, en se félicitant du moindre progrès. « C’est avec des petites choses que l’on peut accéder aux grandes ! » Et de citer Spinoza. « Si vous voulez que la vie vous sourit, apportez-lui d’abord votre bonne humeur ».
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Galienne Tonka s'amuse avec Campino |
La bonne humeur est contagieuse !
Le cheval est une éponge. Si vous êtes de bonne humeur, il le sera aussi et tout lui semblera plus facile. Cela commence par les préparatifs. A partir du moment où l’on prend sa voiture, son vélo ou ses baskets pour aller voir son cheval, on peut être joyeux. Sourire nous met déjà dans un état joyeux. Souriez dans votre voiture et vous verrez la route, les autres automobilistes, les tracasseries de la circulation tout à fait différemment. Vous arriverez aux écuries dans un état détendu, ouvert, prêt à votre rencontre avec le cheval.
« On peut essayer de se laisser surprendre par lui, poursuit Galienne Tonka. Au fond, on réalise notre rêve. On monte à cheval, quoi ! Si on vient en se disant que c’est une galère, qu’il fait mauvais, que notre cheval ne comprend rien et qu’on va encore se faire critiquer par l’enseignant…la séance a toutes les chances de mal se passer ; Il faut que notre joie soit palpable pour le cheval ».
La joie se transmet dès l’entrée au box. Le simple fait d’appeler le cheval par son nom ou par un petit nom met tout de suite une bonne ambiance. On entend parfois des cavaliers traiter leur jument de « garce », de « pisseuse » … Déjà, la communion ne se fait pas. Si au contraire, on admire son cheval. Celui-ci se sent immédiatement valorisé. Oui, Prince du Grasset ou Loulou d’amour est content de vous plaire, de bien faire, d’être avec vous.
De même au travail, inutile de se polariser sur l’exercice en lui-même. Ce qui compte, c’est de préparer et de mettre le cheval dans les bonnes dispositions. Alors, l’exercice se réalisera facilement. « La fluidité, le mouvement, c’est la clé, poursuit Galienne. Si cela ne marche pas, dites-vous, ce n’est pas grave. Il a coupé le coin ! Riez ! Et revenez. Vous verrez, il le passera parfaitement, bien plus aisément que si vous vous braquez. Il faut accueillir les problèmes. Mettez-vous à la place du cheval. » Spécialiste de l’équitation française de tradition, Patrice Francher d’Espèrey ne dit pas autre chose. « Moins on en fait, plus on est content et mieux ça marche ! »
Pour Galienne Tonka, la joie entraîne des résultats. Elle est même plus forte encore que la technique. Les chevaux s’allègent, montent le dos, engagent les postérieurs. L’énergie passe. Elle circule ! Bien-sûr, il y a des jours où l’on n’est pas joyeux. On a un problème de santé, de famille, de couple, de travail et toutes ces tracasseries administratives, ces traites à payer, ces problèmes à résoudre, cette fatigue, mais ce n’est pas le problème du cheval ! « Il faut apprendre à être joyeux envers et contre tout insiste Galienne Tonka. Vous pouvez contempler votre cheval et le remercier de pouvoir le monter. La gratitude crée de la joie. » Mais comment être joyeux quand on a la peur au ventre ? « Vous avez peur ? C’est normal ! Vous montez une grande bête de 500 kilos qui peut se montrer imprévisible. Dites-lui ! N’hésitez pas à négocier. Ne prenez pas le cheval de front. Écoutez-le. Il a des choses à vous dire. Il vous donne des signes d’alerte. Dans un couple, il faut s’écouter mutuellement. Sinon, ce n’est pas vivable. Vous aussi, dites-lui ce que vous ressentez ».
Le cheval aime comprendre. Or, il n’a pas de plan de carrière. En revanche, il sait qu’il fait bien si on est content de lui. De la joie, naissent l’harmonie et la confiance. La voie est ouverte ! Tout est possible…
Quel beau texte ! Et quelle leçon ! Merci, Antoinette, et de belles fêtes.
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