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lundi 3 décembre 2018

Lucien Gruss au Salon du cheval : les chevaux m'ont appris à être humain

Lucien Gruss, son éditrice Marion Mazauric et le réalisateur Laurent Deprez
Lucien Gruss et Laurent Deprez viennent de publier « Lucien Gruss pour l’amour des chevaux » (éditions le Diable Vauvert). Rencontre passionnante au Salon du Cheval de Paris-Villepintes entre le réalisateur et l'artiste, spécialiste du travail à pied et en liberté.

·      Laurent Deprez : Lucien a été mon premier maître en regard. En faisant un reportage sur lui, il a éduqué mon regard à la haute école en me montrant un vrai rassembler.
·      Lucien Gruss : Tous les Gruss ont été formés par mon père Lucien. C’est mon arrière grand-père qui a démarré au cirque. Il était maçon mais il est tombé amoureux de la fildefériste d’un petit cirque italien qui passait près de chez lui. Il a tout appris des femmes. A l’époque, c’était déjà les femmes qui s’occupaient des chevaux ! La première chose que mon père nous a transmise, c’est le regard. « Regarde, observe. Réfléchis mais vite avec les chevaux » disait-il.  Cela a marqué ma vie. Il me disait aussi. « Va voir les autres avec un œil observateur. Même si ce sont des tocards, il y a quelque chose à prendre ».
·      LD : Qu'observes-tu quand tu regardes un cheval?
·      LG : Je regarde les allures. Quand un cheval marche bien, il trotte bien et galope pas trop mal! A-t-il une élégance naturelle, de la souplesse, est-il sensible? Comme on dit, d’un charcutier, on ne fait pas un danseur étoile. Il faut des prédispositions. Mais peu importe la naissance ! Mon père achetait ses chevaux aux abattoirs de Marseille. Il en a fait des stars ! Il n’y a pas de cheval de cirque. Il y a un cheval au cirque !
Lucien Gruss, un homme de cheval au cirque

·      LD : L’équitation a-t-elle évolué ?
·      LG : Il y a de plus en plus d’équitants et de moins en moins d’hommes de chevaux. On apprend à utiliser les chevaux. Mais l’approche du cheval demande du temps, du travail. On n’a rien appris aux anciens. On ne peut pas fabriquer le tact. Moi, je continue de chercher tout le temps.
·      LD : À chaque fois qu’il monte à cheval, Lucien est envahi par le doute. C’est un artiste.
·      LG : Avec l’éléphant, le cheval est l’animal le plus difficile à dresser. Un fauve, c’est facile. Il suffit de mettre un bout de viande sur une baguette ; Mais un cheval, il faut l’observer, être à l’écoute et surtout être progressif. Parfois, les chevaux nous montrent des choses eux-mêmes. Les femmes montent mieux à cheval que les hommes parce qu’elles ont plus de sensibilité et parce qu’elles montent avec amour.
·      LD : Qu’est-ce que les chevaux t’ont appris ?
·      LG : Ils m’ont appris à être humain. J’ai beaucoup plus d’observation et de prise de conscience des autres qu’avant. Et puis, ils m’apaisent. Un cheval, un peu de musique, tout seul, je me régale…
·      LD : À ton tour, tu transmets ton savoir ?
·      LG : Exactement, je donne des cours aux particuliers qui le souhaitent. J’aime enseigner. Transmettre ce que mon père m'a légué.


1 commentaire :

  1. Il parle bien, c'est un homme d'expérience. Comme tous les grands, les sages, il se montre humble. Bel entretien, Antoinette.

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