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vendredi 1 septembre 2017

Le cheval rebelle peint par Liska Llorca au festival des Arts Equestres Libres du Cheval Bavard

Âanis va-t-il rester enfermé dans son monde ou s'ouvrir aux humains?
Fondatrice du Théâtre du Cheval Bavard, Galienne Tonka Wisser écoute les chevaux. "Je ne les écoute pas pour leur répondre. Je les écoute pour les entendre", dit-elle. Et d'en faire la démonstration lors du festival des Arts Équestres Libres qui s'est déroulé les 25 et 26 août à Bioussac en Charente. En confiant Âanis, très joli palonimo au cavalier de dressage (et de tact) Pierre Guilbaut, Galienne espérait qu'il allait se passer quelque chose; Sans le formuler, elle rêvait de les faire grandir l'un et l'autre. Galienne ne s'est pas trompée. De cette rencontre, les deux protagonistes sont sortis différents. Mieux encore, ils ont inspiré une grande artiste.
Pierre Guilbaut et sa technique irréprochable parviendront-ils à venir à bout de sa résistance?

Âanis est un cheval mi ibérique-mi allemand, acheté sur un coup de coeur par Internet sans le voir ni l'essayer. "Je venais de subir une opération et je ne pouvais pas monter. Je cherchais un cheval gentil pour un enfant. Mais cet enfant allait grandir (famille de grands) et il me fallait un cheval de taille. Grand et gentil, Âanis pouvait convenir. En plus, il était beau!"  Quand il débarqua de son Espagne natale dans les écuries de Galienne, il était dans un tel état de santé qu'il fallut le mettre cinq mois au repos. Il boitait. Ses pieds étaient brûlés à la ferrure et il n'avait plus de sole. Il avait été infiltré juste avant d'être vendu pour donner le change. Pire encore, il était bloqué psychologiquement, agissant comme un automate ou bien, refusant d'avancer.

Faut-il ou non forcer un cheval?
Rétif. Muré dans son monde.  "Je le monte depuis un mois mais il reste désespérément éteint, raconte Galienne. Pourtant, au pré, il est en pleine forme. Dès qu'on lui met un licol pour l'attacher ou pour le monter, il se referme sur lui-même. Il refuse d'avancer; C'est sa façon à lui de résister. On ne connait pas son passé". 

Âanis ne semble pas avoir de bons souvenirs des humains. Mais de Pierre Guilbault, il n'a rien à craindre. Pourtant, Pierre ne parvient pas à lui faire prendre le trot. Pas question pour autant de l'agresser. Pierre essaie gentiment, puis appelle Galienne à la rescousse. Celle-ci le relance à la voix mais, après quelques foulées, le cheval s'éteint à nouveau.

L'écuyer accepte de se mettre en retrait.
Et l'on voit Pierre réfléchir et résister à l'envie d'utiliser toute sa technique de dresseur pour mettre en route ce cheval introverti. Le public retient son souffle, interdit devant l'humilité du dresseur

En laissant au cheval la liberté de s'exprimer, tout devient possible
qui décide d'écouter le cheval, met pied à terre et le confie aux soins de Galienne. On suit le trio dans une autre dimension. Le cheval soupire, baille et se relaxe complètement. Il se tourne vers Pierre. "Il va redevenir vivant, explique Galienne. Il a compris qu'on était là pour lui". Galienne n'est pas pressée. Elle sait que Âanis est un cheval d'avenir et qu'il va se réveiller.
C'est le temps de la remise en confiance

La plasticienne Liska Llorca a assisté à cette scène étonnante. C'est cette rébellion muette qu'elle a décidé de peindre en direct pendant le spectacle du soir. Pieds nus, vêtue d'une longue robe à fines bretelles, elle envoie la peinture avec la grâce d'une danseuse et la rage d'une rockeuse sur la scène du Théâtre Bavard. En quelques minutes, elle peint un cheval et son double; Est-ce le rebelle qui regarde le soumis? Le sauvage et le civilisé? Le libre et le prisonnier? A chacun d'interpréter la toile comme il veut.
Liska Llorca retranscrit la scène vue l'après-midi dans le manège


L'oeuvre est à vendre. Liska Llorca poursuit sa route. Elle se déplace sur les évènements, les spectacles équestres, les jumpings... Elle peint en direct et je vous le chuchote à l'oreille, elle vous fera pleurer.

Le photographe Raynald Aubert met "l'oeuvre" en scène!
Galienne Tonka Wisser peut se réjouir. Un cheval a parlé. Il a été écouté. Un cavalier a réfléchi. Mieux, il a ressenti, faisant tomber les barrières dans lesquelles sa technique aurait pu l'enfermer. Le public a compris et une artiste a transcendé ce moment de grâce.  La toile s'appelle "Rébellion".

Lien vers le site de Liska Llorca
Lien vers le site de Pierre Guilbaut, écuyer enseignant (écuries de Corinthe) qui organise un festival sur l'équitation de tradition française les 23 et 24 septembre.
Lien vers le Festival des Arts Équestres Libres
Lien vers la page Facebook du photographe Raynaud Aubert
Pour lire mon post sur le festival et le théâtre du Cheval Bavard

4 commentaires :

  1. Holalaaaa, merci Antoinette !!!! Que tu as tout bien dit ...
    Nous avançons, nous avançons !!!
    Douceurs feront plus que forces ni que rages .

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  2. C'est trop beau, ce récit là, Antoinette, si bien conté, et si vrai. Oui, magique !

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  3. Merci de ton texte qui a parfaitement résumé les enjeux de chacun des protagonistes présents. J'attends avec beaucoup d'intérêt l'évolution d'Âanis qui fait parti de ces chevaux artistes qui ont un message à nous faire passer. Ce cheval restera une "rencontre" qui m'a profondément touché....

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