Le cheval m'inspire. Il m'habite de l'intérieur. Il est en moi quand je suis sur lui, avec moi, pour moi. Parfois, il m'invite à des rêveries inavouables comme celle que j'ai lue sur Radio Cap Ferret mercredi dernier et lors d'une soirée consacrée au cheval à la Maison des cultures du monde, à Paris.
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Calendrier de 1939 extrait de "Femmes de cheval" de JL Gouraud |
"L'été s'étirait, interminable. La chaleur rendait mon corps lascif, prédisposant mon esprit à la rêverie.J'allais m'étendre dans la prairie, à quelques mètres de la maison. J'enlevais mes mules à talons hauts pour fouler l'herbe dorée. A l'abri des regards indiscrets, j'ôtais ma robe. Nue, j’abandonnais mon corps aux caresses du soleil.
A moitié endormie, je flottais, en apesanteur. En rêve, les yeux bandés, je m'offrais, à un androgyne, beau et musclé. Je ne sentais que son souffle. Mon cou, mon ventre, mes cuisses, il explorait mon corps avec une infinie lenteur. Je me laissais aller, remplie d'une envie de plus en plus irrésistible d'être touchée. Mais était-ce vraiment un rêve? Très vite, le souffle se fit plus brûlant, plus pressant. Je n'osais ouvrir les yeux de peur de rompre le charme.
Mon cœur se mit à battre la chamade. Je résolus d'attendre et de ne pas bouger. Bizarrement, je ne ressentais aucune peur. D'abord tendu comme un arc, mon corps était maintenant parcouru de frissons. Le souffle continuait d'explorer mon ventre se rapprochant doucement de ma zone secrète, parfaitement épilée et ornée d'un petit tatouage en losange. Il la humait, la frôlait, puis s'en éloignait me laissant dans un état d'attente infernal.
Il revint, enfin, et je sentis sa respiration s'accélérer, à l'unisson avec la mienne. J'entrouvris les yeux pour découvrir son regard aimant, ses oreilles dressées, ses naseaux grands ouverts, sa peau fine et luisante, ses muscles bandés. Je me levais doucement, presque au ralenti pour ne pas l'effrayer. Je lui tournais le dos et me dirigeais vers la sellerie. Il me suivait, je le devinais. Un nouveau frisson me parcourut lorsque je sentis, son souffle dans mon cou. J'enfilais des chaps en cuir directement sur mes jambes nues, attrapais un filet et une cravache.
Le cliquetis du mors lui fit dresser les oreilles, il me regarda avec une tendresse sauvage. Je soutenais son regard jusqu'à ce que, docilement, il prît le mors dans sa bouche. Je me collais amoureusement, contre son épaule puissante. Il tourna la tête vers moi, à l'affût d'un signe, d'un ordre. Immobile, il attendait mon bon plaisir, prêt à tout pour y répondre.
Je l'enfourchais à cru et laissais la chaleur de son poil soyeux caresser mes lèvres intimes. A la première indication, il se mit en marche d'un pas souple et élastique. Je l'accompagnais avec mon bassin, en éprouvant une sensation très vive. Mon sexe gonflait et se durcissait à son rythme.
Mon premier orgasme lui fit prendre le galop. Un galop fou et sans retenue à travers les champs. Le frottement s'accélérait, s'amplifiait à chaque foulée. Le buste rejeté en arrière, je sentais mes seins durcis par l'excitation. Fièrement, je les offrais au vent. Plus j'exultais et plus ma monture redoublait d'ardeur. Liés l'un à l'autre, nos odeurs mêlées, nous étions si réceptifs qu'au moindre frôlement, nos corps réagissaient. Epuisée, je serrais les doigts sur les rênes provoquant son arrêt immédiat.
Dans cet état de béatitude qui suit l'amour, je posais ma tête sur son encolure et promenais ma cravache sur tout son corps. Je flattais ses courbes rebondies, ses muscles saillants. Puis, je me laissais glisser doucement le long de son flanc, me lovant contre lui avant de le libérer. Après m'avoir longuement regardé, il s'éloigna, comme à regret, au petit trot. Allongée dans l'herbe, je retournais à mes rêveries..."
Antoinette Delylle
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