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dimanche 12 février 2017

Elevage de mérens, présence des ours : le Haras du Picard du Sant invité de Monchevalmedit

Le mérens, un petit cheval rustique, polyvalent, attachant et sociable.
Quelques extraits de l'émission Monchevalmedit sur Radio Cap Ferret 97.9, en compagnie de Christine Acquaroli et de Jean-Louis Savignol, éleveurs de mérens dans l'Ariège.

Il est question d'élevage, de monte en liberté, de choix d'un cheval, de communication animale et de la présence des ours dans les Pyrénées. 

Jean-Louis : notre élevage (Le Haras Picard du Sant) est certifié bio car les chevaux reçoivent une alimentation naturelle (pas de fertilisant). Ils vivent libres et dehors. Notre troupeau est composé d'une cinquantaine de chevaux. Ils sont supervisés par un vétérinaire et soignés avec l'homéopathie, l'ostéopathie, la gémothérapie, les vibrations. Ils sont éduqués et travaillés avec des méthodes éthologiques.

Christine : je m'occupe surtout des mamans et de l'étalon.  Je vis dans les prés. On loue un étalon. Avant de le ramener à la maison, je vais le voir et je lui demande s'il est prêt à venir chez nous. Les saillies se font en liberté. Pas de viol en main chez nous!

J-L: on a choisit la liberté. C'est compliqué mais cela nous semble plus éthique.

C : La saillie en liberté est un moment magnifique avec tout son cérémonial. L'étalon, s'il a du métier, va rassembler ses juments. Il leur demande de venir avec lui en leur faisant des câlins dans l'encolure. Quand elle est prête, la jument lève sa queue en angle droit. L'étalon vient grignoter sa crinière. Il se met à plat ventre comme un chien d'arrêt et va saillir la jument.
Chevaux de mérens à l'estive


C : Je murmure au ventre des mères. Dès le quatrième mois de gestation, je leur parle. Quand le poulain naît, il vient mettre sa tête dans mes bras. Les trois premiers jours sont très importants. Je peux habituer le poulain  en douceur à toutes les pressions qu'il va rencontrer. Je le touche, je joue, je prend ses petits pieds... Après, tout devient plus compliqué et la mère ne nous laisse plus nous approcher.

C : Parler à un cheval, tout le monde peut le faire mais peu de gens s'en donnent les moyens.

JL : Je n'y arrive pas! J'ai fait des stages de communication intuitive mais, pour moi, il ne se passe rien.  Pourtant, à force de passer du temps avec eux et de les observer, les chevaux me donnent des infos. Je parviens très bien à les lire.
Christine Acquaroli chuchote au ventre des juments

C : Avec le temps, on se rend compte que l'on peut donner rendez-vous dans la montagne, à un endroit précis, à une heure dite et la jument  y sera... Je me concentre sur eux. Je leur demande de m'écouter.

JL: Il faut regarder les chevaux; Les gens oublient d'ouvrir les yeux. Ils appliquent une méthode et ne voient pas ce qui se passe.

C : A nos acheteurs, j'explique notre philosophie. Ils ne viennent pas acheter un vélo mais choisir un compagnon de vie. Ils viennent plusieurs jours et passent du temps au sein du troupeau. Souvent, dès la première poignée de main, je vois le cheval qui leur conviendrait. Je note son nom sur un papier que je mets dans une enveloppe. Bien souvent, je ne me trompe pas.

JL : Le cheval est un scanner. Il sait tout. Il sait si la personne lui convient ou non.

C : Depuis 2003, nous avons vendu 90 chevaux. On a des nouvelles de nos 90 chevaux au moins une fois par an. Nos propriétaires ont créé des clubs. 7 clubs en Europe!

JL: Aujourd'hui, ils nous font confiance. On ne va pas vendre un cheval pour un chèque! C'est vrai, on perd de l'argent. On a créé deux métiers à côté pour financer l'élevage. On a développé une activité touristique avec 2 gîtes et des chambres d'hôtes (élues par le Figaro parmi les plus belles chambres). On fabrique du jus de pommes naturel et à l'ancienne. Enfin, on lance une production de sève de bouleau  qui nettoie le corps et donne de l'énergie. Nos journées sont longues!

C: On fait la transhumance à pied, selon la tradition et on emmène le troupeau  passer la belle saison en montagne.
Eleveur, producteur, Jean-Louis Savignol accueille les touristes, communique sur Internet... 


JL: Le grand danger? Les ours. Ils sont 32 dans les Pyrénées et on a perdu 8 chevaux. Soit ils attaquent directement, soit ils font peur aux chevaux qui peuvent  tomber dans un précipice ou se cogner contre une pierre. Nous sommes en montagne, ne l'oublions pas! L'ours introduit par les hommes politiques pour toucher des subventions de l'Europe est originaire de Slovénie. Là-bas, il était nourri par l'homme. Dans les Pyrénées, il est interdit de les nourrir. L'ours va au plus simple: les ruches, les moutons, les chevaux. Aujourd'hui, on est obligé de vivre avec. Avec les ours et avec l'omerta. On regrette que cette réintroduction se soit faite sans nous, pour ne pas dire contre nous plutôt qu'avec nous. On ne peut pas surveiller les chevaux en permanence. C'est juste impossible. On guette le ciel. Lorsque l'on voit un rassemblement de 200 vautours, on sait qu'il s'agit d'une vache ou d'un cheval. Il faut aller très vite. En 24 heures, il ne restera plus que la carcasse. Or, c'est à nous de prouver que le cheval a été victime de l'ours. De toute façon, ce que l'on touche n'a rien à voir avec la valeur de nos chevaux qui sont éduqués.

C: Quand j'arrive à l'estive et que je vois les chevaux regroupés en rond, je sais que l'ours est passé ou qu'il va passer. La dominante a assimilé son odeur, son comportement. Elle a appris à gérer le troupeau au mieux et à le rassembler.

JL: On fait partie d'une association regroupant les éleveurs. 40% ont arrêté l'estive. Si cela continue, nos animaux n'entretiendront plus la montagne. Il n'y aura plus de chemins. Tout ne sera que broussailles...

PS : Christine Acquaroli et Jean-Louis Savignol ont quitté Paris, il y a plus de 20 ans, pour reprendre l'élevage de Colette, la maman de Jean-Louis.  On les a longtemps appelé les parisiens. Maintenant, ils sont les Picart, du nom de leur élevage, de leur maison.  Avec les chevaux, en Ariège, ils sont heureux et ... cela se voit!

Extrait de Monchevalmedit sur Radio Cap Ferret le 1er février 2017


Lien pour la page Facebook du Haras du Picard du Sant
Le récit de la dernière transhumance

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