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Cette photo montrant la trace des éperons sur Quite Easy a été prise par sa groom le jour du CSI. |
En éliminant le jeune irlandais Bertram Allen du Grand Prix CSI W de Londres qu'il avait gagné pour une petite coupure sur son cheval au niveau des éperons, les juges n'ont fait qu'appliquer le règlement. Il y avait bien saignement, fût-il infime. Sans doute les juges auraient-ils pu agir avec plus de discernement. La sanction est tombée sur un cavalier qui a une bonne réputation après un parcours magnifique. On aurait tellement préféré que soient punis d'autres cavaliers, ceux qui font subir à leurs chevaux des maltraitances bien plus perverses pour les faire sauter plus haut ou, comme ils disent, leur donner une leçon, les "éduquer" même, ou bien les "préparer"!
Ils ne se font pas prendre et pourtant, ils connaissent tous les trucs pour rendre les chevaux hyper sensibles les incitant ainsi à ne pas toucher pour éviter de souffrir
. La tricherie la plus fréquente est le barrage qui consiste à élever la barre d’obstacle au dernier moment juste quand le cheval s’élance. Ce dernier touche et, la prochaine fois, il sautera plus haut pour éviter de se faire mal. Autrefois, le barrage avec des bambous était permis sur les paddocks. Il est désormais interdit car il peut entraîner des traumatismes aux os, aux tendons, aux articulations et aux sabots. De plus, il incite les chevaux à sauter dans le stress, pas dans le relâchement si nécessaire à la réalisation d'un geste sportif.
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L'imagination de l'homme n'a pas de limite pour faire sauter les chevaux plus haut |
Le barrage a lieu désormais à la maison, loin de tout regard et de toute sanction. Certains utilisent des barres en bois très lourdes, voire des barres en fer, des barres recouvertes de capsules de sodas ou des dispositifs destinés à tromper le cheval. Sur les grosses épreuves, quand un cheval saute les premiers obstacles avec beaucoup de marge, puis s’arrête devant un obstacle, il y a toutes les chances qu’il ait été barré. Sinon, il aurait moins de marge et, au lieu de s’arrêter, il toucherait. L'usage s'est tellement répandu surtout chez les mauvais cavaliers qu'il n'est pas rare de voir un coach barrer des chevaux de clients alors que ces derniers ne font que de petites épreuves. Là, ce ne sont pas les quelques 300 000 euros de gain qui sont en jeu mais un flot et au mieux, le remboursement de son engagement, soit 20 ou 25 euros. Dérisoire? Peut-être mais la fierté de certains cavaliers n'a pas de prix! Leur bêtise aussi...
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Les barres en bois font mal quand le cheval les touche |
Des guêtres à clous, des guêtres dont l’intérieur est tapissé de piquants, d’autres remplies de cailloux, des produits chauffants les tendons… l’imagination n'a pas de limites pour faire sauter les chevaux et les piquer au moindre frottement. Au palmarès des pratiques qui relèvent de la torture : la pile à bœuf envoie une décharge électrique au cheval qui est au refus. Radical, ce procédé est responsable de la mort de chevaux par crise cardiaque. Un cavalier célèbre est même soupçonné d’avoir laissé des chevaux enrênés et enfermés dans un box sans boire et sans manger jusqu’à ce qu’ils cèdent.
Bien qu’autorisés, certains protège-boulets font polémique. Posés un peu plus haut et très serrés, ils incitent le cheval à lever les postérieurs. Certains mettent des guêtres de trotteur qu’ils serrent au maximum. D’autres préfèrent plomber les protège boulets (pourtant le poids maximum autorisé est de 500 g). Le cheval ainsi "préparé" semble se désarticuler quand il saute. Frédéric Cottier, champion et chef de piste international milite pour que soient interdites les guêtres aux postérieurs. D'autres estiment que si elles sont employées à bon escient, elles ne font que corriger le cheval et lui apprendre le bon geste. A chacun de juger!
Que faire pour que le CSO reste un beau sport? Pour qu'on ne risque pas, un jour, de le voir supprimer des JO sous l'effet d'une opinion publique excédée. Quand on y réfléchit bien et même si l'on soutient Bertram Allen, on ne peut que se féliciter que les commissaires aux paddocks fassent leur travail. Et l'on rêve de voir des présidents de jury pénaliser le cavalier qui maltraite son cheval en piste ou même au camion. L'on rêve de voir des jeunes cavaliers éduqués à se remettre en question plutôt qu’à reporter leurs fautes sur leurs montures. On rêve de compétiteurs qui connaissent les effets éphémères du barrage qui rend les chevaux méfiants et les empêchent de se relâcher. On rêve... de sport et de chevaux respectés! Rien d'autre...
Et vous? Avez-vous été témoin de maltraitance? Pensez-vous qu'il faut plus de contrôles? Plus de règles? Plus d'éducation? Participez au débat en laissant des messages en commentaires.