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lundi 14 septembre 2015

Alexandra Besson parle de Rudolf G Binding, lauréat du Prix Pégase

Cavalière, Alexandra Besson a traduit le "Traité d'équitation à l'usage de ma bien-aimée"
"Il y a quelques temps, Jean-Louis Gouraud m'a envoyé le livre de Rudolf Binding dans une ancienne édition, et m'a demandé mon avis sur ce texte : est-ce qu'il valait le détour, est-ce qu'il méritait d'être traduit? J'ai lu l'ouvrage d'une traite, et je suis aussitôt tombée sous le charme.

 Alors que l'auteur est un officier allemand mort dans les années 30, donc a priori loin de nous et de nos préoccupations de cavaliers modernes, j'ai trouvé dans ce livre une philosophie de l'équitation qui me touchait infiniment. Pour lui, monter à cheval n'était pas une technique, mais une disposition d'esprit, une attitude qui engage l'être tout entier, et qui force à un examen permanent de soi, car un mauvais caractère, une absence de calme, de maîtrise, de sensibilité, empêcheront toujours de devenir un bon cavalier.

 J'y ai trouvé aussi un très grand respect du cheval, de son mouvement naturel, de son besoin d'espace et de liberté, à l'encontre d'une équitation de l'enfermement qui brime et brise l'animal. 

Enfin, la beauté du texte m'a séduite : c'est une prose poétique superbe, légère et audacieuse, pleine de sensualité et de créativité, qui se lit comme un chant d'amour. 

J'ai aussi aimé le fait qu'une femme, une cavalière, soit au centre du texte, à une époque où elle était encore considérée comme un art quasiment martial, réservé aux militaires, qui se pratique en uniforme. Binding, lui, chantait une équitation sensible, centrée non pas sur la performance ou la mise au pas, mais sur le déploiement libre des facultés du cheval et de la cavalière, de leur épanouissement à tous les deux. Il loue la main légère, les actions subtiles, la finesse.

 J'ai continué à lire d'autres oeuvres de l'auteur, et j'ai découvert qu'il avait aimé les chevaux et écrit sur eux toute sa vie, qu'ils avaient rythmé sa carrière, sa vie amoureuse et son art, et j'ai eu envie de joindre au Traité d'équitation des extraits d'autres textes, qui montrent que les chevaux sont le fil rouge de la vie de Binding. J'ai adoré la façon dont, sous le nazisme, les chevaux deviennent une échappatoire subversive, l'expression d'une liberté qui contrarie la brutalité autoritaire du régime. Je suis très heureuse d'avoir pu traduire et présenter le Traité d'équitation pour ma bien aimée et ces autres extraits, car j'ai profondément aimé ces textes". 

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