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dimanche 26 avril 2015

Développement personnel : Meli marche grâce à son cheval

Le cheval et la jeune femme accidenté se sont immédiatement connus
Lui, c'est Sabri, ce qui veut dire "patience" en arabe. Un barbe destiné à la fantasia mais qui croupissait, attaché dans une cave en attendant de partir à l'abattoir. Trop dangereux pour être monté, il ne supportait pas d'être enfermé.

Elle, c'est Meli, une amochée de la vie qui a perdu un être cher et l'usage de ses jambes dans un accident de voiture. Lui vit en Tunisie et elle au Canada.
Pour Sabri, Meli refait sa vie

Leur première rencontre a pour décor la révolution.  Venue rendre visite à son père en Tunisie, la franco canadienne sait qu'elle ne pourra plus jamais monter à cheval. Elle tient à peine debout. Pourtant, un ami lui propose de venir l'aider à s'occuper de ses jeunes chevaux. Elle pourrait travailler au sol à défaut de les monter. Meli hésite. Elle ne peut pas marcher. Se tenir debout avec des béquilles lui demande beaucoup d'efforts.  Elle se rend pourtant aux écuries et discute avec le patron devant un box. Un cheval sort sa tête et la pose directement sur les épaules de la jeune femme sous l'oeil médusé du propriétaire car Sabri se montre d'ordinaire très agressif et mord quiconque l'approche. Au début, Meli décline l'invitation à s'occuper de ce cheval. Trop jeune, trop compliqué.  Devant les avances du jeune barbe, elle se laisse convaincre et, petit à petit, développe entre eux une relation spéciale. Les tunisiens parlent de sorcellerie. Ils ne comprennent pas. Meli a littéralement envoûté le cheval! Pourtant, la jeune femme ne veut pas s'attacher à son nouvel ami. Sa vie est au Canada.

Le cheval et l'humain ont retrouvé le goût de vivre
Elle repart mais cette rencontre a bouleversé tous ses plans. Cavalière de concours complet dans sa première vie, Meli veut explorer de nouvelles voies. Elle enchaîne les formations en éthologie et démarre une rééducation pour pouvoir, un jour,  remonter. Monter Sabri!

Méthodiquement, elle suit un programme quotidien de natation et de gymnastique au Québec et revient régulièrement en Tunisie. "A chaque fois que je le retrouvais, Sabri avait régressé. Tout était à refaire. Là-bas, l'équitation est presque uniquement pratiquée par des hommes et à la manière forte. Son cavalier n'était satisfait que lorsque Sabri revenait dans son box, les flancs en sang. J'ai alors décidé de quitter mon travail au Canada et d'acheter Sabri. Il avait été vendu, blessé et racheté par un boucher. Ce dernier m'a déconseillé de le voir, tant il était méchant. Il a fallu trois personnes pour le sortir de sa cave.  Il sautait partout, se cabrait, tirait sur sa longe. Il m'a vu et, là, immédiatement,  il s'est arrêté pour poser sa tête sur mon épaule".

 Meli passe pour une sorcière. Malgré les critiques, elle achète le barbe, soigne son tendon et le rééduque en s'aidant de livres et de DVD. "Une fois, c'est moi qui le guide; le lendemain, c'est lui. Il sait que je suis fragile physiquement et il s'adapte à moi. On tripe, comme on dit au Québec".

Sabri est devenu un beau cheval qui s'exprime et révèle de superbes allures. "On se rend beau mutuellement. On grandit côte à côte. Il m'a redonné espoir. C'est fou! Ce cheval m'a reconnecté à l'humain! Comme moi, il n'a pas eu la vie facile. Je crois que l'on s'est identifié l'un à l'autre".

Meli a parcouru un tel chemin qu'elle veut maintenant faire partager son expérience à d'autres et se spécialiser en équithérapie. Elle quitte la Tunisie où l'"on est bien trop loin des concepts éthologiques". Dans quelques jours, elle sera en France. Elle sait que le chemin sera difficile mais, elle a confiance car elle emmène Sabri, celui qui porte bien son nom. Le plus patient des chevaux.

Lien pour découvrir le rêve de Meli

lundi 20 avril 2015

Endurance, CSO : le coup de gueule de Vanessa Fuks, vétérinaire


Vétérinaire, spécialiste de médecine sportive en rééducation fonctionnelle depuis plus de quinze ans, Vanessa Fuks est en colère. L'endurance et le CSO sont les premiers visés.
Vanessa Fuks, vétérinaire spécialiste de médecine sportive

"En endurance, la FEI a exclut les Emirats Arabes Unis du calendrier FEI suite, entre autres, au décès par épuisement d'un cheval face aux caméras. Mais les chevaux continuent de courir sur place. Et n'importe quel saoudien peut venir concourir en France. Leur fédération nationale n'est pas exclue. Il n'y a pas eu de réelle sanction".

Vanessa Fuks a arrêté de suivre les courses d'endurance car elle trouve le travail humiliant pour un vétérinaire. "On est là et on ne peut rien faire.  On ne maîtrise rien au check point vétérinaire. On voit disparaître un animal boiteux sous une élégante tente géante pour ressortir tout pimpant. On ne sait pas ce qu'il a reçu dans la tente et les chevaux qui meurent quelques jours après une course ne sont pas comptabilisés".

Vanessa Fuks n'est pas plus tendre sur le monde du sauts d'obstacles. "J'ai dû monter à la tribune du jury pour faire sortir un cheval boiteux de la piste. Et je trouve terrible pour un vétérinaire de devoir peser et renifler les guêtres de protection (quelle protection?) pour vérifier qu'elles ne cachent pas un moyen de coercition obligeant le cheval à lever les pattes!" 
Le contrôle des guêtres à l'issue du parcours

Elle porte un regard lucide sur l'organisation des concours et le calendrier. "Les chevaux commencent les Grands Prix à huit ans! Ils ne durent pas et sont ruinés en quelques années. En plus, les terrains sont trop durs. Les chevaux trinquent. Les parcours sont de plus en plus serrés avec beaucoup de tournants. Ce qui demande énormément d'effort aux chevaux d'autant qu'il n'y a plus de basse saison. Ils sont en concours toute l'année". 

Pour Vanessa Fuks, le monde équestre est archaïque, les idées progressent lentement. La balle est donc dans le camp des organisateurs, du public, des médias, des vétérinaires. "Il faut être stricte, ne rien laisser passer et montrer aux partenaires qu'ils ont tout intérêt à être associé à un sport propre et éthique".  

Pourtant, la vétérinaire aime le sport, mais le beau sport bien encadré. "L'éthique, ce n'est pas une question d'argent. Ça ne s'achète pas comme un club de foot, c'est dans la tête. Éventuellement, ça s'apprend! Il faut sans cesse se poser la question: où est la limite? Où commence l'effort et où doit-il s'arrêter? Les grands professionnels du cheval y pensent tout le temps. Ils se posent des questions, essaient de comprendre l'effort, sa physiologie, les signes précurseurs de blessure... Ils vivent avec les chevaux. Il faut savoir dire "Non, ça ne va pas être possible!" L'éthique va bien au-delà de la règle. Hélas, les sports équestres sont de plus en plus prisés par des gens très fortunés et bien coachés mais sans éthique". 

Et Vanessa Fuks de donner en exemple la Lekkarod, une célèbre course de chiens de traîneaux. "Cette année, il faisait chaud pour les chiens même en altitude et la neige fondante pouvait causer des lésions. Les organisateurs ont su décaler les départs. Ils ont fait passer le bien-être animal en priorité et le public l'a très bien compris. Si l'on veut un sport propre, il faut s'imposer une éthique. Le règlement ne suffit pas. On parle tout le temps de performance, jamais d'éthique. Mais le sport n'existe pas sans éthique!"



PS: Vanessa Fuks est aussi romancière. Son dernier livre "Amarante" vient de sortir. 
Lien pour découvrir ses livres

dimanche 12 avril 2015

Ma jument a déjà 15 ans! Comment préserver un cheval d'âge?


Mistria me donne tant!
Mistria fête son anniversaire. Fille d'Elf d'Or, elle est née le 20 avril très exactement à l'élevage du Lavillon. Voilà près de dix ans qu'elle m'émerveille tous les jours. On se connaît par coeur et je n'ai plus rien à lui demander. Elle sait très bien ce qu'elle a à faire et devine mes désirs. Elle les anticipe parfois. Perfectionniste, elle ne pardonne  pas mes erreurs. Comment lui en vouloir?

 Mais je me pose beaucoup de questions. Comment faire durer notre lune de miel? Continuer à sauter, partir en concours sans faire le saut de trop et en préservant intacte son envie d'y aller.
Au pré, avec Papete, elle a une vraie vie de cheval

J'ai tout le temps peur de lui faire mal et je préfère sauter moins haut que de prendre le risque de toucher une barre. Je n'ose plus partir en concours plus de deux fois par mois et je ne veux, en aucun cas, la forcer. Elle est vive, en pleine forme et je commence toutes les séances par une balade au pas d'une vingtaine de minutes. Elle passe toutes ses après-midi au pré et fait plusieurs trottings par semaine. Je termine les séances de saut en la faisant trotter sur des rênes longues, la tête en bas. En période de concours, je ne devrais plus sauter à la maison mais j'en ai besoin pour me mettre avec elle et garder la niaque. Je saute donc une fois par semaine, les semaines sans concours. Elle n'a jamais boité ni été blessée mais je sens qu'elle a moins d'énergie qu'avant, moins envie d'en découdre. Je ne lui ai pas encore proposé de compléments alimentaires, étant un peu septique sur leur efficacité. Et vous? Que faites-vous? Avez-vous une recette à me donner? Qui sort en concours avec un cheval de plus de quinze ans? Vos témoignages et expériences m'intéressent, si possible en commentaires sur le blog.

L'entraînement d'un cheval de sport est un sacré challenge!

mercredi 8 avril 2015

Sylviane Gangloff, la maman de Galopin expose

Elle a donné vie au petit personnage fétiche du magazine pour enfants (aujourd'hui tristement disparu) "Galopin". La crinière en pétard, des zébrures sur les membres et un gros pif, Galopin redouble de malice pour faire enrager Ping Pong, le manchot.
Galopin n'a qu'une idée: se la couler douce!

Passionnée par les chevaux et spécialement par les fjords, Sylviane Gangloff  illustre les manuels pour passer les Galops, collabore pour des magazines équestres, des livres et même la fédé.








A apprendre par coeur et à appliquer!
Alsacienne, Sylviane va traverser la France pour aller exposer au Haras de Saint-Lô avec d'autres artistes réunis dans l'Ecurie des arts.  Au programme : Christine Haas, Frédérique Lavergne, Véronique Lesage, Sylviane Meunier, Julie Vranckx...

Leurs oeuvres sont reproduites sur divers mugs, textiles, objets déco. Une superbe idée de cadeau!

Lien pour le site de l'Ecurie des arts




13 artistes célèbrent le cheval à Saint-Lô

Lien vers le site de Sylviane Gangloff

jeudi 2 avril 2015

Bernard Sachsé inspire Albert Dupontel pour "En équilibre"

Pour dresser les chevaux, le mental prime sur le physique
Ce n'est pas son histoire mais c'est son personnage. Dans "En équilibre", le film de Denis Dercourt qui sortira le 15 avril, Albert Dupontel incarne Bernard Sachsé. 

Cascadeur équestre, Bernard Sachsé a perdu ses jambes au cours du tournage d'un film. Un cabré-retourné malheureux l'a cloué sur un fauteuil. Ce n'était qu'une cascade. Classique mais dangereuse. Bernard l'a faite deux fois, trois fois... La cinquième prise a été la bonne. Mais le cheval l'a touché en se redressant. Touché à la moelle épinière, Bernard Sachsé n'a pas pu se relever.
Albert Dupontel a tourné lui-même toutes les scènes d'action à cheval

Handicapé, Bernard Sachsé s'est battu pour remonter cheval. Afin de reconstruire ses muscles perdus, il a passé des heures et des heures sur un cheval mécanique reproduisant les mouvements de l'animal. Grâce à la machine et à son opiniâtreté, il a réussi à retrouver son équilibre et sa stabilité. Il continue à s'en servir comme un musicien fait ses gammes pour travailler ses muscles. Adepte du yoga, il a également travaillé son relâchement et sa respiration. Sans se décourager, il a fait et refait un travail sur lui-même selon les principes de son maître François Baucher. "Si le cheval fait une faute, c'est toujours à cause de son cavalier. Comme l'a tant recommandé Baucher, je suis toujours à la recherche de l'équilibre. Ne pouvant pas me raccrocher aux jambes, je suis encore plus condamné à l'équilibre".

Bernard Sachsé a connu l'enfer des premier pas à cheval, puis l'ivresse, une médaille de bronze aux Jeux para olympiques, les spectacles,  la direction équestre du film  "Danse avec lui" aux côtés de Jean François Pignon, la notoriété, les stages...

L'art équestre fait oublier son handicap
Pour le film "En équilibre", l'écuyer a transmis sa science du dressage et son expérience de cavalier à Albert Dupontel. L'acteur est venu monter cinq à six fois par semaine pendant plusieurs mois dans ses écuries du Vexin. "Dans le film, il fait toutes les actions à cheval y compris la voltige, raconte Bernard Sachsé. Le plus difficile a été de le faire passer d'une monte hypertonique de cascadeur à une monte dans l'hypotension quand il se retrouve handicapé".

Bien que l'histoire ne soit pas la sienne, le cavalier se reconnaît dans le message porté par Albert Dupontel et Cécile de France. "Quand on veut vivre son rêve, on peut y arriver. Ce n'est pas seulement un problème physique. C'est dans la tête!"  Il se reconnaît également dans le titre. "A cheval, il faut un équilibre physique et moral. Un bon cavalier est stable mentalement". 

Bernard Sachsé ne se contente pas de monter les chevaux. Il les prépare, les entraîne, les dresse. "Je ne m'impose pas. Je m'adapte à chacun. Je compose avec les chevaux". Et de noter la différence entre les cavaliers qui "mettent les chevaux dans les aides" et ceux qui "amènent les chevaux à se mettre dans les aides". 

Rênes semi tendues, il enchaîne piaffers, pirouettes et pas d'école en toute légèreté

D'un côté, le cheval est soumis. De l'autre, il s'exprime. Bernard Sachsé s'amuse du titre de mon blog.  "Il suffit de regarder et surtout d'écouter le chevaux. Ils nous disent si l'on est juste. Je viens de faire travailler un cheval de 19 ans pendant trois jours. Il n'avait aucune raideur, aucune tension".

Cliquez pour voir la bande annonce du film "En équilibre"

Lisez l'histoire de sa vie dans "Sur mes quatre jambes" de Bernard Sachsé et Véronique Pellerin aux éditions du Rocher