La FEI sous la dépendance des pétrodollars?

Belle, dynamique et souriante, la princesse Haya Bint-Al Hussein, présidente de la FEI a fait voter un changement des statuts de la Fédération Internationale d'Equitation pour pouvoir briguer un troisième mandat. Troisième épouse du Cheikh Mohammed Al-Maktoum, sa candidature pose un certain nombre de questions. L'image de la FEI va-t-elle en être altérée? N'y-a-t-il pas rique de conflits d'intérêts? Le bien-être des chevaux sera-t-il bien défendu?
 Port de tête altier, regard perçant, son mari est le maître de Dubaï, l'une des personnes les plus riches et les plus influentes des Emirats Arabes. Il est à la tête d'une des plus grande fortune du monde selon le magazine Forbes.

Photo AFP. La princesse Haya, présidente de la FEI et son mari  le Cheikh Al-Maktoum

C'est un bourreau de travail, un visionnaire, un manager avisé et un grand amateur de chevaux. Il possède l'écurie Godolphin, l'une des écuries de courses les plus prestigieuses (dont une vingtaine de chevaux ont été contrôlés positifs à des substances interdites) et monte lui-même en compétition d'endurance. Il a même été sacré champion du monde en 2012.
Une sale année pour les chevaux qui ont été nombreux à mourir d'épuisement ou à être euthanasiés à la suite de fractures spontanées pendant la saison hivernale au Moyen-Orient.  La fédération d'équitation belge a même alerté la FEI. Un vétérinaire a dénoncé les injections de vodka en intraveineuse qui, mélangées à un antalgique et à du venin de vipère ou de crapaud étaient indécelables lors des contrôles. La FEI aurait du faire une grand "ménage".
Elle aurait dû s'intéresser de très près au Cheikh Mohammed Al-Maktoum. Elle s'est contenté de condamner un entraineur. Cette inertie tient peut-être à la double casquette de la princesse Haya, à la fois présidente de la fédération et épouse de l'émir de Dubaï.  Cavalière de saut d'obstacles, elle a même participé aux Jeux Olympiques. Mais que peut-elle refuser à son mari? Et d'ailleurs, qui peut refuser quoi que ce soit au maître de Dubaï?
La preuve? Seulement trois voix, celles de la Suisse, du Lichenstein et des Pays-Bas se sont élevées contre un changement des statuts de la FEI pour permettre un troisième mandat à la princesse. 3 voix contre 103 pour s'inquiéter de l'image de la FEI face au dopage, du bien-être des chevaux, des évidents conflits d'intérêts entre la FEI et les pays du golf.

La princesse a désamorcé le débat en annonçant de nouvelles règles et mesures pour combattre le dopage. On ne peut que s'en réjouir. Reste à savoir si elles seront appliquées. Le belge Pierre Arnould a été le seul à oser monter au créneau et à poser les bonnes questions. 

"Vos règles d'aujourd'hui sont bonnes, celles de demain peut-être meilleures encore, mais ce qui compte c'est l'application de ces règles. Or, comment pourrait-on croire que tout cela sera respecté, alors que cela n'a pas été appliqué jusqu'ici, tout au moins à l'encontre de certains. Continuera-t-on à faire ce que l'on veut aux Émirats, à courir entouré de véhicules? Comment choisira-t-on ces conseillers indépendants? Comme ceux de la société Quest, qui travaillent à la fois pour la FEI et Meydan (ndlr: une société du Cheikh)? Et le cas de substitution d'un cheval des Émirats aux derniers Mondiaux quand donc sera-t-il jugé? La famille de l'endurance attend des explications ".

Si la princesse Haya est réélue pour un troisième mandat, le monde de l'endurance aura à coeur de faire respecter les nouvelles mesures. La FEI sera sous étroite surveillance. Car au moins, la présidente avance à visage découvert. Elle n'a pas mis un "homme de paille" à sa place. Soyons positif. Gageons  que c'est un premier pas vers la transparence... 

PS: plus de 80% des cas de dopages concernent des cavaliers du Moyen Orient


Lire le compte rendu du Cavalier romand
Lire aussi l'article de maplanetechevalmedit

Un résumé sur le dopage des chevaux d'endurance.