
L'élevage intensif, les transports longue durée, la tauromachie, le travail abusif ne seront pas pour autant interdits. Les lobbies des chasseurs, des éleveurs, des pêcheurs et des aficionados de la corrida y veillent soigneusement. Mais, on peut espérer que les juges seront plus sévères, plus sensibles à la cause animale dans les différentes affaires de cruauté et de mauvais traitements.
On peut espérer également que ce premier pas va ouvrir un vrai débat sur la condition animale.
L'ordre sera-t-il menacé si l'on accepte de voir l'oeil de l'animal? |
Pourtant, je me pose des questions. Quelle est la véritable stratégie suivie par nos hommes politiques? A la veille de l'ouverture du salon de l'agriculture, le président François Hollande écartait toute modification du statut de l'animal. "Beaucoup d'efforts ont été réalisés pour le bien-être animal sans qu'il soit nécessaire de les traduire par une loi" déclarait-il.
Parallèlement, un groupe d'études sur la protection animale à l'assemblée prépare un projet de loi ambitieux. L'amendement du 15 avril ne risque -t-il pas de le faire tomber aux oubliettes?
Selon Sylviane Alaux, députée socialiste, "les animaux resteront comme avant et entièrement soumis au régime des biens corporels. Cet amendement refuse toute avancée nouvelle dans la prise en compte de la condition animale. Il joue sur les mots mais n'offre pas de véritable avancée" (Source : la France Agricole).
Les hommes politiques dans leurs contradictions ne sont que le reflet des contradictions de notre société. Si l'animal est un être sensible, apte à raisonner, capable de souffrir, doué de langage et de conscience, il ne peut plus être considéré comme une propriété humaine! Ce qui bouleverse toute l'organisation de notre société...
Pour mon livre "Ce que les chevaux ont à nous dire", j'ai interviewé le neurobiologiste Yves Christen. Voici un extrait, plus que jamais d'actualité:
" L'animal ne doit pas être un esclave. C'est tout l'enjeu de la révolution philosophique et émotionnelle qui s'annonce. De nombreux problèmes doivent être posés concernant l'exploitation des chevaux, la boucherie, les zoos, l'élevage pour la fourrure, l'animal de laboratoire, la chasse, la corrida... Un grand bouleversement se prépare. Peut-être une révolution dans notre compréhension de ces autres êtres vivants. Celle-ci nous entraîne loin. Jusqu'à comprendre que les animaux se représentent le monde de façon originale. C'est la raison pour laquelle, après les avoir présentés comme des personnes, je les vois aujouird'hui comme des philosophes, porteurs de représentations du monde riches et variées. Je considère la question animale comme la grande question de notre temps..."
Yves Christen cite le phislosophe Alain. "Il n'est point permis de supposer l'esprit dans les bêtes, car cette pensée n'a point d'issue. Tout l'ordre serait aussitôt menacé si l'on laissait croire que le petit veau aime sa mère, ou qu'il craint la mort, ou seulement qu'il voit l'homme. L'oeil animal n'est pas un oeil. L'oeil esclave non plus n'est pas un oeil, et le tyran n'aime pas le voir". Et de nous demander de regarder l'oeil de l'animal. "Acceptons de voir enfin cet oeil. Celui du cheval. Celui des autres bêtes aussi. Car nous ne pouvons plus, en conscience, trouver refuge dans la simple ignorance."
Mesdames et messieurs les députés, votre amendement ne doit pas nous faire passer à côté d'un grand débat. Un débat qui nous concerne tous, cavaliers, propriétaires de chiens ou de chats, végétariens ou non, éleveurs, enseignants...
Lire aussi mon article dans Cheval Magazine de mai.
Le changement de statut ne changera rien, si les mentalités restent les même...
RépondreSupprimerL'homme détruit tout à plus ou moins grande échelle sur cette belle planète qu'était la Terre...
Et on parle de conscience ?? !!