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samedi 14 décembre 2013

A lire : les confidences de Bartabas

En avançant dans la vie, Bartabas éprouve l'impérieuse nécessité de se livrer et de transmettre. Dans "Manifeste pour la vie d'artiste" (éditions Autrement), il se laisse aller aux confidences.
Voilà quelques extraits choisis:

"Il faut accepter du cheval qu'il dirige notre vie. Il a façonné la mienne... Il faut avoir l'humilité d'apprendre des chevaux. Ils possèdent la noblesse que les hommes ignorent entre eux. Ils sont braves, généreux, courageux... Un cheval bien préparé et bien entraîné se livre complètement..." p 20

"Le cheval nous protège de toute dérive. Il demande à ce qu'on soit là, tous les jours, avec lui, par tous les temps, sur le terrain. .. Après une vie entière auprès d'eux, ils gardent pour moi une part de mystère. .. Dresser un cheval ce n'est pas lui faire acquérir des automatismes, c'est d'abord se construire avec lui un vocabulaire commun, puis une grammaire commune, puis, s'il le veut bien, finir par dire des poèmes ensemble" p 21

"A ma question "Les chevaux ont-ils une âme? Un vieux pope me répondait: "Tout ce qui est digne d'être aimé possède une âme". p 36

Cabu, artiste de l'éphémère
Dans ce livre, Bartabas invite également les artistes qui l'ont marqué à prendre la plume à ses côtés. Alain Cavalier, le "filmeur", Alexandre Tharaud qui a pour monture un piano, Alain Passard le cuisinier qui partage avec lui le beau risque de tout recommencer chaque jour; Chris Christiansen le jongleur, Ernest Pigon-Ernest dont "les images s'inscrivent dans l'éternité"; Dominique Mercy, le danseur; Christophe Soumillon le jockey; le danseur japonais Ko Murobushi, Cabu le dessinateur, l'homme politique Jack Ralite; Laurent Terzief vu par André Velter; Pina Bausch. Chacun apporte sa vibration à cet émouvant ouvrage collectif.


Seule erreur de casting: le torero Luis Francisco Espla, qui continue de fasciner Bartabas. Quelle déception à la lecture des pages d'un homme qui se dit prêt à mourir pour la beauté d'un geste! L'espagnol ne fait que s'apitoyer sur lui-même. Pas une minute de compassion pour le taureau qui le fait roi. Son récit est plutôt pathétique, la description de sa préparation à tuer peut donner la nausée.

Revenons à l'art. "Un artiste court toute sa vie après ces émotions extrêmes. Arrêter le temps... un bien étrange métier que le mien, corseté par une constante anticipation, dans une discipline quotidienne et dans une projection de soi sur plusieurs années, pour atterrir dans une zone où il n'existe plus" (p 53). Alexandre Tharaud résumé bien la quête de l'artiste mais aussi du cavalier.

Le dernier mot revient à Jean Vilar cité par Jack Ralite: "Il faut avoir l'audace et l'opiniâtreté d'imposer au public ce qu'il ne sait pas qu'il désire. Dès qu'un art se fige, il meurt".





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