Ils s'appellent Icare, Colombo ou Falanpin. Ils ont été confiés à un
"charmant papy" qui leur promettait une retraite heureuse dans les prés pour tenir compagnie et éduquer ses poulains. Donnés contre bons soins ou vendus grâce à une annonce dans
"Le Bon Coin", ils ont été transformés en steak ou en saucisson. Trompés par l'acheteur, plusieurs propriétaires ont décidé de porter plainte.

En mai dernier, je racontais leur malheureuse histoire dans Cheval Magazine.
Depuis, l'affaire a pris de l'ampleur et l'on parle
d'un trafic qui transiterait par la Belgique et qui aurait déjà fait 3 000 victimes.
Des personnes confiantes, peut-être un peu naïves mais stupéfaites comme Mélody.
"Je suis encore sous la stupeur absolue quant à l'attitude de ce monsieur et le montage carrément implacable psychologiquement de son histoire". Comme Sébastien:
"Il m'a promis que je pourrais aller le voir et qu'il avait besoin de chevaux d'âge pour canaliser ses poulains. Nous avons convenu que je le reprendrai plus tard et j'ai gardé sa carte d'immatriculation". Comme Cécile : "
C'était un double poney adorable écarté de la consommation humaine mais le maquignon a présenté un feuillet médicamenteux falsifié".
Comme Myriam, Jessica, Rebecca ...
Dans le Nord, les Ardennes, la Champagne, l'Oise mais aussi dans le Gard, à Marseille... de nombreuses personnes ont été bernées par cet éleveur de 70 ans, un monsieur qui inspirait confiance.
Maître David Boscariol, avocat des premières victimes est le premier étonné de cet incroyable trafic.
"J'ai appris que les papiers des chevaux auraient été "nettoyés" en Belgique. Je n'en sais pas plus pour le moment. Mes plaignants n'ont pas vu leur plainte pour abus de confiance remonter mais le procureur de Charleville m'a assuré que les enquêteurs faisaient leur travail. Nous attendons".
Le ministère de l'Agriculture a beau communiquer pour rassurer les consommateurs de viande, il semble que les fraudes soient légion et que les propriétaires de chevaux ont du souci à se faire!
Le dernier
rapport d'évaluation de l'Office Alimentaire et Vétérinaire de la Commission européenne (OAV) montre que la base d'identification des équidés, qui contient des informations essentielles comme l'exclusion d'abattage des chevaux pour la consommation humaine, n'est pas fiable. Par ailleurs, l'OAV souligne la pénurie de personnel officiel dans les petits et moyens abattoirs. De nombreuses irrégularités en matière d'hygiène et de protection animale ont également été relevées lors de l'abattage des chevaux.
Moralité : prévoyez
une cagnotte pour offrir une vraie retraite à votre cheval. Ne le confiez ni à un marchand ni à un papy. N'imaginez pas qu'un cheval âgé ou non montable puisse intéresser grand monde. Ne vous reposez pas sur le feuillet médicamenteux excluant l'animal de la consommation humaine qui n'est pas une garantie suffisante.
Voir la page Facebook "Des pâturages à l'abattoir" qui recueille les témoignages des victimes
Lire également Cheval Magazine d'octobre et le communiqué de
l'OABA (Oeuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoir)