Avec Yves Bruezière, directeur des programmes d'Equidia |
Je vous plante le décor:
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Mathieu au travail (pour une autre randonnée) |
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Isabelle Vayron |
A la caméra, Mathieu Parret, une sorte de cavalier acrobate. A dix ans, il partait déjà en randonnée à cheval avec son père et sa soeur, avec juste une tente et aucune assistance. Il a ses trois chevaux en Auvergne et peut aussi bien monter son cheval à l'endroit qu'à l'envers. C'est lui qui filme les grandes randonnées d'Equidia (avec Caroline Avon). Il a pour assistante Alexia Roussel. Chargée de mener le cheval de Matthieu, cette monitrice est venue renflouer l'équipe d'organisation du Festival des Chevaux du sud. Elle est en manque. Cela fait trois jours qu'elle n'a pas monté à cheval! Enfin, notre guide s'appelle également Matthieu mais son nom est Bameule. Moi, je suis l'interviewée. Je vais parler de mon livre "Ce que les chevaux ont à nous dire".
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A l'envers pour filmer (photo prise à l'occasion d'une autre randonnée) |
C'est un pur-sang arabe venu apporter du sang neuf à la race camargue. A force de vivre dans les marais, il ressemble à un cheval local avec sa robe blanche et sa crinière hirsute. En fait, il n'est pas agressif, juste excité. Faute de juments, il monterait bien sur nos hongres! Avec Hermès, je préfère m'éloigner laissant à Matthieu le soin de gérer l'impétueux dragueur. Matthieu confie son cheval à Alexia et avance vers l'étalon en agitant bravement des roseaux. Pas de quoi faire reculer le pur-sang qui se dresse en agitant ses antérieurs. A bout d'arguments, Matthieu trouve une idée : il défait la ceinture de son jean et l'enroule autour de l'encolure de l'étalon. Ce dernier se calme aussitôt. Sans doute se souvient-il de ses années passées au haras sous le joug des hommes. Mais dès que Matthieu le libère, ses ardeurs reprennent de plus belle et nous préférons rebrousser chemin. Il faut parfois savoir déposer ses armes face à la nature!
Nous allons donc expérimenter un autre passage pour traverser l'étang. Hermès semble hésiter. C'est à regret qu'il suit le cheval de tête. Les chevaux s'enfoncent jusqu'aux genoux, parfois un peu plus. Soudain, le sol se dérobe sous mon cheval. Je tente de l'encourager avec quelques claquements de langue mais il s'enfonce, encore plus, dans la vase. Je ne sais que faire, comment l'aider. Je saute avec l'idée de lui enlever sa selle si lourde et la croupière qui l'entrave. Hermès ne bouge plus. Bientôt, seule sa tête dépasse de la vase. Il ne se débat pas. Il n'essaie pas de sortir du piège. Résigné, il attend notre aide. Impossible de le déseller. Il faudrait un couteau pour couper les trois nœuds qui servent de boucles à la sangle. Que faire?
Matthieu prend son antérieur. Il parvient à le bouger de quelques millimètres. Juste quelques millimètres qui permettent à Hermès de trouver un appui et de sortir de la vase. Rien! Mon cher Hermès n'a rien de cassé. Il est un peu raide mais vaillant. Je décide de rentrer à pied pour le laisser récupérer. Solidaire, Isabelle met pied à terre et nous rentrons, de l'eau jusqu'aux genoux, tellement soulagées. Heureuses.
Les chevaux sont lâchés en liberté pour la nuit. Ils se roulent avec gourmandise et partent d'un pas vigoureux. Je me pose plein de questions. Aurai-je dû sauter plus tôt? Une randonneuse émérite (Anne Mariage, la célèbre organisatrice de randonnées à travers le monde) assure qu'elle aurait agi comme moi. C'est vrai que les chevaux, avec leurs petits pieds, sont très bien équipés pour randonner sur tous les terrains sauf ... dans la vase! Là, il leur faudrait une assise beaucoup plus large comme les raquettes dont se servent les randonneurs en montagne dans la neige. Debout sur un ongle, ils sont démunis.
Je n'ai pas de photos de l'enlisement à vous montrer. Mais la séquence est dans la boîte d'Equidia.
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